Publication du Conseil supérieur de l’éducation, Août 2020.
Cette publication est issue des travaux de recherche et de documentation qui alimentent la production du rapport sur l’état et les besoins de l’éducation sur le thème du numérique en éducation, lequel sera déposé au cours de l’année 2020.
Voici un extrait de cette publication:
Réduire le discours de résistance à une panique morale simplifie un phénomène complexe, mais prétendre que le discours scientifique dispose de réponses claires sur les effets du temps d’écran en fait autant. Il ne saurait être question de choisir un gagnant entre le discours scientifique et le discours de résistance. Le premier s’ancre dans des données empiriques, et ses manquements actuels s’expliquent en partie par sa nouveauté. Le second, héritier d’une tradition qui remonte jusqu’à Platon, s’appuie sur des valeurs. Limiter l’usage des écrans de ses enfants est un choix légitime s’il est en accord avec les valeurs des parents; de même, la recherche scientifique n’a pas à confirmer ou à infirmer les actions dictées par les valeurs. Ces discours cohabitent, mais se chevauchent aussi, et créent de la confusion chez les parents, les membres du corps enseignant ou chez toute personne appelée à superviser les activités des enfants et des jeunes.
Ce chevauchement est peut-être inévitable; les deux discours ont en commun de vouloir ce qui est le mieux pour l’épanouissement des enfants et des jeunes. Toutefois, le discours de résistance est demeuré presque inchangé depuis les craintes suscitées par les romans populaires, il y a déjà deux siècles, tandis que le discours scientifique évolue et, le plus souvent, se corrige.